Tetiaroa est un joyau de l’histoire de Tahiti. Nous savons qu’elle a servi de résidence secondaire à la famille royale tahitienne de Pare au XVIIIe siècle. Cependant, on en sait relativement peu à part cela.
Inès Pasquier, stagiaire français de l’ENSG (École nationale des sciences géographiques, Marnes-La-Vallée), sous la direction du Dr. Benoît Stoll (Université de Polynésie française), est actuellement sur l’île pour y remédier.
Inès vise à compléter et publier la cartographie GPS de tous les sites archéologiques recensés et enregistrés par l’équipe d’archéologie (Molle, Hermann, Lagarde) au cours des dernières saisons. Les données seront entrées dans le système de SIG construit par le Dr. Benoît Stoll pour Tetiaroa Societe.
Dans le cadre de cette mission sur le terrain, Inès étalonnera et enregistrera des données GPS différentielles à haute résolution sur chacun des nombreux sites archéologiques de Teti’aroa. Sur la base de ces points GPS, Inès enregistrera les plans archéologiques afin d’être inclus dans la carte en ligne Teti’aroa multi-thématique (voir la carte des plantations Williams par la suite).
Sites potentiels de maite sur Tiaraunu (à gauche) et Oroatera (à droite)
Au cours de cette mission de terrain, Inès vérifiera également quelques zones de maite potentielles (fosses de culture creusées par des Polynésiens), cachées sous la végétation, mais clairement visibles sur le DTM (modèle de terrain numérique) extrait des donnée lidar 2017 (programme IDEA)
Inès nous a fourni un aperçu de son expérience de travail sur le terrain.
« Afin de réaliser une carte en ligne des différents sites archéologiques de Tetiaroa, il nous faut connaitre la position précise de ces derniers. Pour cela, nous utilisons une méthode d’acquisition et de calcul de coordonnées nommées DGPS (GPS différentielle). L’acquisition de ces points a duré 11 jours (du 19 au 30 juillet). Les plans des sites archéologiques que je devais géoréférencer (affecter des coordonnées précises à chaque partie du dessin) étaient sur Reiono, Rimatuu, Onetathi, Tiaraunuu, Hiranaae et Horoatera. »
Photo: Avant de commencer à enregistrer des points sur un site sur Tiaraunuu, j'avais besoin de vérifier la précision du récepteur GPS.
« La difficulté pour moi sur le terrain était de me déplacer et surtout de retrouver les sites archéologiques que je ne connaissais pas sur les différents motus. Je n’aurai pas pu avancer si vite sans l’aide des rangers de la Tetiaora Society (merci à Luciano et Teva). J’ai aussi utilisé les points GPS des sites archéologiques de l’archéologiste Guillaume Molle et du maitre de conférences en télédétection Benoit Stoll. »
Photo: Inès et TS Ranger Lusiano enregistrent un point de repère pour les os trouvés sur Horoatera.
« Une fois arrivée sur un site archéologique j’étais confrontée à plusieurs difficultés : soit celui-ci était relativement petit (1 ou 2 mètres de longueurs) et il fallait être très attentif à chaque pierre sur le sol, soit celui-ci était immense comme le marae d’Apara sur Reiono qui fait 70 mètres de long et il fallait retirer toutes les feuilles de cocotiers qui ne nous permettait plus de voir le site. Pour déblayer les sites, j’ai heureusement été aidé par d’autres stagiaires, bénévoles et membres de la Tetiaroa Society (merci à Poeitit, Poevai, Moeaita, Hinano, Benoit et Pierryck). »
« La végétation a aussi posé des difficultés pour la précision des acquisitions au GPS. En effet, la végétation dense au-dessus de certain site bloquait la réception des signaux satellites. Pour compenser cela et obtenir une bonne précision pour mes points, je suis restée plus longtemps sur les points problématiques et je les ai pris plusieurs fois (afin de sélectionner celui avec la meilleure précision une fois au bureau). »
Photo: En attendant que le satellite enregistre un point depuis la plateforme sur Tiaraunu.
« Au final, j’ai réussi à réaliser mes acquisitions terrain et il ne me reste plus qu’à réaliser la géoréférenciation des sites archéologiques pour ensuite les avoir sur une carte en ligne. J’ai hâte que vous puissiez voir le résultat. »
-Inès Pasquier, étudiante à l’ENSG (Ecole Nationale des Sciences Géographiques) en filière de technicien supérieur géomètre-géomaticien et stagiaire à l’Université de Polynésie Française.
Ce SIG servira à la fois d’outil scientifique pour les archéologues et les chercheurs pour visualiser et créer des cartes thématiques des structures et mettre en œuvre une stratégie d’excavation pour les prochaines années, et comme outil de gestion pour Tetiaroa Society. L’inclusion des coordonnées et des cartes des sites dans le SIG marquera ainsi l’achèvement de la phase 1 du projet archéologique mené par le CIRAP (Centre International de Recherche Archéologique sur la Polynésie).
La phase 1, qui a débuté en 2015, comprenait des relevés approfondis des îlots, l’enregistrement et la cartographie des structures archéologiques, ainsi que la production de cartes et leur intégration dans le SIG.
La phase 2 devrait commencer soit en 2022 soit en 2023 dans le but d’excaver une série de sites ciblés autour de l’île et de travaux paléoenvironnementaux.
La phase 3 (la phase finale) comprendra potentiellement la restauration de certains sites avec la Tetiaroa Society.
Ce projet important est rendu possible grâce à la Seeley Family Foundation et à SA Frangipani, propriétaire de Tetiaroa. Vous pouvez en apprendre davantage sur les travaux réalisés à ce jour sur notre page Cartographie et restauration archéologiques. Nous continuerons de vous tenir au courant des progrès de l’équipe sur notre site Web.
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