Dans les années 60, Marlon Brando est tombé amoureux de Tetiaroa - et de son intérêt amoureux à l’écran - pendant le tournage de Mutiny on the Bounty à Tahiti, l’incitant à acheter l’île et à passer des années à travailler pour la comprendre et la protéger.
Mais Brando n’a pas été le premier à reconnaître la beauté naturelle et exquise de Tetiaroa.
Les découvertes récentes du Dr Guillaume Molle, un archéologue de l' Australian National University, révèlent les preuves les plus solides encore que l’île était l’apanage exclusif de la famille de chefs tahitienne principalement au 18ème siècle, confirmant ainsi les traditions orales et les premiers récits occidentaux.
Les chercheurs ont cartographié deux plates-formes de tir à l’arc des plus insolites et un immense temple en plein air, utilisé à des fins cérémonielles et pour des offrandes rituelles. Ils font partie des 115 structures importantes qu’ils ont cartographiées.
« Les chefs vivaient à une distance de 45 kilomètres en pirogue sur Tahiti, mais nous savons qu’ils quittaient les hautes montagnes volcaniques et les vallées fertiles pour l' « ultime escapade » à Tetiaroa, » selon le Dr Molle.
C’est le seul atoll corallien dans les îles du Vent et ses paysages envoutants et l’abondance de poissons, d’oiseaux et de tortues auraient été très attrayants pour eux, probablement dès la colonisation initiale de Tahiti et Moorea autour du 11ème siècle.
Le Dr Molle a dit que des preuves comme les plates-formes de tir à l’arc, les premières jamais vues sur un atoll, sont une forte indication de la présence des chefs sur Tetiaroa.
« Aucun homme du commun n’aurait été autorisé à monter une plate-forme de tir à l’arc parce que c’était un sport reservé à l'élite dans la société tahitienne utilisé comme démonstration de force, de puissance (mana) et de statut et nous en avons deux ici sur Tetiaroa, » a t-il dit.
« Pendant que les chefs pratiquaient le tir à l’arc, leurs enfants étaient impliqués dans le ‘rituel de l’engraissement’.
Les enfants étaient gardés à l’intérieur d’une habitation spéciale afin qu’ils puissent éviter le soleil et ils étaient nourris pendant des semaines entières, » D'après le Dr Molle.« Ils étaient nourris avec de la pâte fermentée à haute teneur en calories du fruit de l'arbre à pain mélangé avec de l’eau de coco pour engraisser les enfants, et avec leur peau plus claire, ils étaient présentés au reste de la société tahitienne comme les héritiers de la famille. »
Plus de 25 sites cérémoniels importants ont été trouvés, dont l’un des plus grands temples en plein air connus, ou marae, dans les îles de la Société, d’une longueur de 55 mètres et de huit mètres de large.
« Il a un autel principal, ou ahu, qui ressemble aujourd’hui un peu à un tas de gros blocs de corail avec quelques compartiments internes. Nous pensons que cela peut avoir été utilisé pour contenir des offrandes rituelles, probablement liés au culte des ancêtres, une caractéristique forte de la culture polynésienne, » selon le Dr Molle.
« Cela montre un énorme engagement en travail et en matériaux qui n’aurait pu être mis en mouvement que par des individus de haut rang dans la société, très probablement de la dynastie Pōmare. »
D’autres sites, plus modestes dans les formes et les dimensions, suggèrent en outre qu’une petite communauté vivait en permanence sur l’atoll, exploitant peut-être ses ressources pour les chefs tahitiens. La diversité de l’architecture cérémoniale peut également refléter les origines différentes des anciens habitants, des îles du vent, des îles sous le vent et des Tuamotus.
« Avec les maisons de réunion de forme ovale que nous avons trouvé et d’autres structures domestiques et horticoles, il indique que toute l’île a été organisée et a réussi à soutenir les activités de l'élite des chefs tahitiens. »
Son collègue, le Dr Aymeric Hermann, du Max Planck Institute en Allemagne, a analysé de nombreuses pierres volcaniques récupérées dans des structures archéologiques, dont quelques fragments trouvés sur une plate-forme d’assemblage à proximité. Les analyses ont révélé quelques réseaux d’échanges avec Tahiti et Moorea, mais aussi peut-être les Marquises et les îles Australes.
Plus intéressant encore sont deux pierres andésites qui, selon nous, auraient pu provenir des Tonga ou de la Nouvelle-Zélande, à plus de 4 000 kilomètres de là. Le Dr Molle espère mieux comprendre ses conclusions lorsque les travaux reprendront et que les fouilles pourront commencer sur Tetiaroa, probablement en 2021-2022.
Le projet Tetiaroa est une collaboration entre l’Australian National University, le Centre International de Recherche Archéologique sur la Polynésie, SA Frangipani, The Brando, The Seeley Family et Tetiaroa Society.
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