La squille de mer est un crustacé des plus incroyables. Ni une crevette ni une mante religieuse, elle ressemble plutôt à une langouste munie d’une carapace et d’une queue en éventail appelée “telson”. Les plus vieux fossils de squille de mer retrouvés datent d’il y a 400 millions d'années.
Les stomatopodes sont appelés "crevettes-mantes" en raison de leur méthode de capture de proie, qui consiste à déployer rapidement leurs pattes antérieures “ravisseuses” pour soit attrapper soit mutiler.
Il existe plus de 400 espèces différentes de crevettes-mantes.
Chez les « spearers », les pattes ravisseuses antérieures se replient comme la lame d’un couteau de poche et sont garnies de ardillons effilés et tranchants qui accrochent ou poignardent poissons, crevettes et animaux à corps mou. Les “spearers” sont les plus communs sur Tetiaroa notamment la Lysiosquillina maculata ou “squille rayée”, la plus grande des espèces allant de 5 à 25 centimètres de longueur.
Ils vivent dans des terriers dans les eaux peu profondes sur des terrains sablonneux. Ils se cachent généralement dans leur trou et attrapent leurs proies par surprise lorsqu'elles passent près de l’entrée de leur terrier. Le temps qu'il faut à un homme pour cligner des yeux, est le temps que prend une squille de mer pour frapper 50 fois.
«Les spearers sont rapides comme l'éclair: il ne faut que deux millisecondes (2/1000 de secondes) pour qu'un “spearer” prolonge son rap! En revanche, le clignement des yeux est de 100 millisecondes.”
Chez les "smashers", l'articulation terminale, le dactyle est plus petit et pointu mais pas moins efficace. Leurs puissants coups tuent instantanément des proies au corps dur. La force de leur effondrement génère une deuxième onde de choc et produit de la lumière et de la chaleur. Ils ont la frappe la plus rapide de l'océan - aussi rapide qu'une balle tirée par un canon de calibre 22. Quand ils libèrent leur «talon» dur, il se déplace à une vitesse supérieure à 50 km / h et frappe avec une force de plus de 150 kilo.
Fait époustouflant: leur massue calcaire ne peut jamais être brisé, même après des frappes répétées. Pourquoi? En raison de la structure moléculaire bouligand de leurs carapaces. Cette structure crée un noyau particulièrement solide qui absorbe les chocs et empêche les petites brèches de se fissurer complètement.
« Les chercheurs imitent la structure bouligand de la crevette-mante pour concevoir des matériaux fins et légers, suffisamment solides pour arrêter les explosifs et construire des châssis pour voiture plus solides.»
Une telle attaque nécessite une grande prudence et beaucoup de précautions. En effet, les crevettes-mantes doivent viser et identifier leur cible avec exactitude, sans quoi elles pourraient se blesser. En ce sens, ils ont développé de multiples compétences pour évaluer leurs adversaires.
Les stomatopodes ont une large gamme de systèmes d’accouplement. La plupart des “spearers” opte pour un système de monogamie à long terme. Mâle et femelle partagent le même terrier, le premier chasse pour nourrir le couple et le second s'occupe des œufs. Le mâle a les yeux et les pattes ravisseuses plus grands que la femelle. C’est la femelle qui initie la parade nuptiale.
Certaines espèces de crevettes-mantes se marient à vie - elles rencontrent les crevettes de leurs rêves et partagent le même terrier, protègent leurs œufs et s'aident mutuellement à chasser toute leur vie - jusqu'à 20 ans.
Varo in tahitian est un mets très prisé chez les Polynésiens, ils pêchent généralement “spearers” avec une ligne et un hameçon triple sur des plateaux sablonneux, dans les peu profondes. Les pêcheurs sont très prudents quand ils manipulent le varo, ils ne les prennent jamais les mains nues. Afin de protéger l’espèce, une règlementation de pêche rahui existe, elle interdit la pêche au varo du mois de novembre au mois de février.