En février, mai, août et novembre 2023, nous avons effectué notre suivi trimestriel des oiseaux marins de Tetiaroa. Ce suivi, initié en juillet 2021, permet d’évaluer les effets du programme de restauration de l’atoll sur les populations d’oiseaux marins.
Le nombre de nids, d’œufs, de poussins, de juvéniles et d’adultes de chaque espèce d’oiseau est comptabilisé autour du périmètre des 11 motu (ainsi qu’une petite portion d’Onetahi – la zone de l’hôtel est exclue pour éviter de déranger les clients), ainsi que le long de transects intérieurs dans certains motu (Tiaraunu, Tahuna Iti, Aie et Reiono). Au total, environ 35 km (divisés en transects de 100 m) sont surveillés chaque trimestre. Pour chaque nid ou juchoir, nous identifions également l’espèce d’arbre utilisée, dans le but d’orienter le programme de restauration des habitats de Tetiaroa. Cela nous a permis de quantifier certaines préférences claires en matière d’habitats ; par exemple, sur les 9 856 oiseaux marins recensés lors d’une période de suivi, seulement 2,7 % nichaient ou se reposaient dans des cocotiers (l’un des types de végétation dominants à Tetiaroa), ce qui indique que le cocotier constitue un habitat de nidification/juchoir médiocre pour les oiseaux marins.
Ce programme de suivi vise également à quantifier la variation spatio-temporelle des dépôts de nutriments par les oiseaux marins, via leur guano, afin d’informer les autres aspects de suivi des écosystèmes de Tetiaroa menés par d’autres équipes participant au programme TARP (par exemple, les microbiomes coralliens, la composition des algues, la signature chimique des eaux souterraines, etc.). Cette année, ce programme de suivi nous a permis de documenter les premiers signes de récupération des oiseaux marins après la dératisation.
Par exemple, nous avons constaté une augmentation significative (multipliée par 2) du nombre de nids de gygis blancs sur des motu auparavant envahis par les rats – probablement parce que les nids et les œufs de gygis blancs avaient une survie nettement supérieure en l’absence de rats, augmentant ainsi le nombre détecté lors de nos recensements. Cela nous a également permis de détecter les premiers nids de noddis bruns à Oroatera et Tiaraunu. Bien que ces observations restent anecdotiques, elles indiquent que la récupération/recolonisation des oiseaux marins est déjà en cours grâce au programme d’éradication des rats.
