Les preuves sont évidentes, les récifs coralliens du monde entier sont stressés. Nous savons aussi que les écosystèmes comme les récifs coralliens sont composés de milliers d’organismes qui ont des impacts complexes les uns sur les autres.
De 2007 à 2009, les étoiles de mer prédatrices, Acanthaster plancii, ou taramea en tahitien ont dévoré les récifs coralliens de Moorea et de Tetiaroa. Jusqu'à 90% du corail sur la pente externe du récif a été mangé.
Cet épisode était naturel, la population d’étoile de mer augmente significativement pour une quelconque raison et elle mange tout le corail jusqu'à ce qu’il n’y ait plus rien à manger puis la population meurt.
Puis en 2010, un cyclone a frappé les îles et a brisé le récif, il a délogé les coraux morts et aplati la structure récifale. C’était aussi un épisode naturel. Mais, la crise climatique change l’ordre naturel de ces évènements. Les scientifiques prédisent que vu le réchauffement climatique à venir, la fréquence des cyclones augmentera, ainsi que le blanchiment des coraux qui décime aussi les récifs coralliens.
Apres l’invasion d’Acanthaster et le cyclone Oli, les récifs coralliens de Moorea et de Tetiaroa étaient en mauvais état. Tout le monde se demandait s’ils allaient s’en remettre. Les scientifiques du Long-term Ecological Research program (LTER), qui travaillaient à la station de recherche Gump de UC Berkeley décidèrent d’utiliser cette opportunité pour voir comment les coraux allaient réagir à un grand stress comme celui-ci.
Ce qu’ils ont découvert influence les décisions concernant la pêche sur ces îles.
La clé pour que les récifs se remettent était une population de poisson en bonne santé, en particulier les poissons herbivores comme les poissons-chirurgiens et les poissons-perroquets. Ils sont aussi les poissons que les locaux aiment beaucoup manger, cela pose donc un problème.
Quand ce dilemme a été posé à un ancien de Moorea, Papa Mape, il a dit que quand il était jeune, la réponse de la communauté à l’invasion de taramea était d’arrêter de pêcher dans le lagon, de vivre uniquement de la pêche pélagique et de permettre aux poissons du lagon d’aider le récif à se remettre. De nos jours, avec la population qui est trois fois plus nombreuse que dans la jeunesse de Papa Mape, il est plus difficile de contrôler la population de poisson comme ils le faisaient a l’époque.
Le rapport de pêche de Tetiaroa Society en 2020 montre que ce sont bien ces espèces de poissons herbivores qui sont les cibles de captures. 70% des poissons pêchés à Tetiaroa tombent dans cette catégorie et 50% représentent une seule espèce d’herbivores. Ceci fait que le récif corallien de Tetiaroa reste vulnérable à un évènement de grand stress. Garder notre écosystème en bonne santé est un des meilleurs moyens de se préparer aux changements climatiques à venir et cela veut dire travailler pour une meilleure compréhension et régulation de notre impact.
Pour plus d'informations sur le projet 'Long Term Ecological Research' (LTER) :
Lire le document de recherche & visitez le site LTER.